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Stratégie de transition vers un immobilier résidentiel bas carbone

Mandy LABADIE

26 août 2024

Pourquoi et comment décarboner l'immobilier résidentiel ?

Cet article, inspiré par le rapport "Habiter dans un monde bas carbone" rédigé par Le Shift Project, explique l'enjeu crucial de la transformation du secteur de l'immobilier résidentiel vers un modèle bas carbone, essentiel pour atteindre les objectifs climatiques tout en répondant aux besoins d'une société en transition vers un avenir durable.


Les résidences principales et la contrainte carbone


Le secteur résidentiel en France, comprenant plus de 37 millions de logements, est responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de serre. Les résidences principales, qui consomment la majorité de l'énergie, sont au cœur de la problématique. Le recours aux énergies fossiles comme le gaz et le fioul pour le chauffage et l'eau chaude exacerbe la dépendance énergétique du pays et contribue à son empreinte carbone. La crise en Ukraine a souligné la vulnérabilité de cette dépendance aux énergies importées. Il est donc impératif de repenser notre manière d'habiter en adoptant des stratégies innovantes pour réduire ces émissions.


La nécessité d'adaptation au changement climatique


Outre la réduction des émissions, le secteur résidentiel doit s'adapter au changement climatique, notamment face à l'augmentation des vagues de chaleur estivales. Pour répondre à ces défis, le Shift Project propose un plan de transformation structuré autour de quatre axes principaux : la rénovation des logements existants, la décarbonation de la production de chaleur, le développement de la capacité de captation de carbone des bâtiments, et la réduction de la construction de nouveaux logements.


§1 - Accélérer la rénovation des logements existants

La rénovation des logements existants est un levier crucial pour la transition bas carbone. L'objectif est de massifier les rénovations énergétiques globales, traitant simultanément l'ensemble des aspects du bâtiment pour optimiser son efficacité énergétique. Actuellement, le principal obstacle réside dans le manque d'artisans formés pour réaliser ces rénovations globales, ce qui nécessite une montée en puissance rapide de la filière de rénovation.

Priorisation des rénovations : La priorité doit être donnée aux logements les plus énergivores, souvent appelés "passoires thermiques". L'objectif est d'atteindre d'ici 2050 un parc immobilier où tous les logements sont classés A, B ou C en termes de performance énergétique.

Amélioration du DPE : Le diagnostic de performance énergétique (DPE), bien qu'imparfait, est un outil central pour identifier ces logements. Des efforts de fiabilisation et de formation des diagnostiqueurs sont nécessaires pour améliorer la qualité des diagnostics.


§2 - Décarboner la production de chaleur

La décarbonation de la production de chaleur est essentielle pour réduire l'empreinte carbone des logements. Cela implique de remplacer les systèmes de chauffage au fioul et au gaz par des alternatives plus propres. Pour les maisons individuelles, la pompe à chaleur est l'alternative privilégiée, tandis que pour les logements collectifs, les réseaux de chaleur urbains offrent une solution efficace.

Calendrier de sortie des énergies fossiles : Le Shift Project propose une élimination progressive du chauffage au fioul d'ici 2040 et au gaz d'ici 2030, tout en limitant l'usage du biogaz à des secteurs spécifiques où il est le plus nécessaire.


§3 - Développer la capacité de captation de carbone des bâtiments

Les bâtiments peuvent jouer un rôle dans la captation du carbone en intégrant des matériaux biosourcés, comme le bois et le béton de chanvre, qui stockent le carbone capté par la photosynthèse des plantes. Le Shift Project recommande de généraliser l'usage de ces matériaux dans la construction neuve et, lorsque possible, dans les projets de rénovation.

Impact des matériaux biosourcés : Ces matériaux permettent de stocker du carbone sur le long terme, contribuant ainsi à la neutralité carbone. En France, l'utilisation du bois dans la construction représente déjà une part importante du stockage annuel de carbone.


§4 - Réduire la construction de nouveaux logements

Réduire la construction de nouveaux logements est un axe stratégique pour limiter l'empreinte carbone du secteur. Il s'agit de décarboner la construction dès sa conception, en respectant les exigences de la réglementation environnementale 2020 (RE2020) et en limitant l'artificialisation des sols.

Évolutions démographiques et impacts environnementaux : Le Shift Project souligne l'importance d'adapter le volume de nouvelles constructions aux évolutions démographiques, tout en réduisant la part des maisons individuelles dans les nouvelles constructions pour protéger les espaces naturels et agricoles.


Projection vers 2050

En se projetant en 2050, les résultats de cette transition sont prometteurs. Grâce à la rénovation massive et à l'usage de matériaux biosourcés, les émissions liées à la construction neuve pourraient être réduites de 75 %. Tous les logements seraient classés au minimum C en termes de performance énergétique, et les systèmes de chauffage fossiles appartiendraient au passé.


Les défis à relever

Pour réussir cette transition, il est crucial de former une main-d'œuvre qualifiée capable de réaliser les rénovations nécessaires. Cela nécessitera la création de milliers d'emplois et une montée en compétences des professionnels du bâtiment. Par ailleurs, des aides et incitations publiques seront nécessaires pour financer les investissements dans la rénovation énergétique.


Impact sur l'emploi et coût du logement : Bien que la rénovation énergétique ne doive pas entraîner une hausse des prix des logements, elle impliquera des réformes pour assurer que les coûts restent accessibles. Les aides publiques joueront un rôle clé pour faciliter ces investissements.


Conclusion

La transition vers un immobilier résidentiel bas carbone repose sur des choix stratégiques et concertés, impliquant des innovations techniques, des réformes politiques, et une mobilisation collective. Le chemin est encore long, mais les premiers pas sont faits. Pour réussir cette transition, il est essentiel que chacun s'engage dans cette transformation, pour un avenir où l'habitat rime avec respect de l'environnement et bien-être.

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